temoignage

Ça me pèse parfois, (…) mais les mercis et les sourires me touchent

“ Cela fait plus de 20 ans maintenant que je m’occupe de mon Frère André qui a aujourd’hui 74 ans” Il habite en face de ma maison ; son état de santé physique se dégrade peu à peu et il a besoin d’aide pour gérer le quotidien et se déplacer . Il a encore la chance de pouvoir rester à domicile malgré ses difficultés … Je vais chez lui 3 à 4X sur la journée pour voir si tout se passe bien. Au début ce fut une nécessité de l’aider teintée d’obligation vu que j’habite à proximité de chez lui. Depuis quelques mois, une équipe d’infirmiers à domicile vient chaque jour pour sa toilette et ses soins.

Comme je suis veuve et que tous mes enfants sont installés, je peux me permettre de donner du temps mais je limite quand même . cela demande beaucoup d’énergie et d’organisation dans mon quotidien. Je dois penser à tout , planifier, prévoir … pour tenir compte aussi de mes engagements comme bénévole dans différentes associations. Le bénévolat j’y tiens beaucoup : c’est bon pour mon  moral d’avoir des contacts avec l’extérieur.

Je me rends bien compte que je dois toujours tenir compte du temps que je lui consacre pour organiser mes propres loisirs.

Heureusement, je peux compter sur mes frères et aussi sur quelques voisins à qui je peux faire appel quand c’est nécessaire. L’équipe des infirmiers et le relais Vitatel sont là aussi pour me rassurer car il a tendance à faire des chutes ou malaises.

Comme il a besoin de plus en plus d’aide, André compte sur ma présence et celle des autres lors des visites régulières durant la journée, aussi pour se rassurer lui-même. Il n’a pas beaucoup de patience et il souhaite de plus en plus que les heures de passage soient fixes dans la journée et que ses demandes soient réalisées très vite.

Mon entourage me dit souvent que je ne dois pas me plier trop vite et que je ne dois pas toujours tenir compte de lui. Certains comprennent qu’il a sa place dans mon organisation. Les professionnels savent que je suis là et je peux compter aussi sur eux.

Être aidante proche…  un souci qui me pèse parfois mais les mercis et les sourires que je reçois , les petites attentions, les gestes d’amitiés et d’entraide me touchent … des moments de joies et de richesses partagées .

Comme les professionnels de l’aide à domicile, les aidants proches devraient être mieux reconnus et soutenus en leur octroyant l’accès à des droits sociaux comme un revenu de remplacement lorsqu’ils travaillent encore et pas seulement les voir comme des bénévoles qui n’ont rien d’autres à faire. Il faudrait en parler de plus en plus dans les médias pour rendre visible leurs réalités au quotidien. Cela pourrait être aussi très riche de partager ses propres expériences de vie avec d’autres aidants proches dans des  groupes d’échanges près de chez soi.

 

Léa 79 ans

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